New life, new life
Je migre mais laisse ouvert cet espace :
Nouvelle vie capillaire - écriture, culture, critiques, nombril
Je migre mais laisse ouvert cet espace :
Nouvelle vie capillaire - écriture, culture, critiques, nombril
Elle connait les contours, les râles et les soupirs, mais s'acharne à chercher de nouvelles brèches où déverser son trop plein d'amour irrationnel. Pléonasme. Avec ardeur et dévotion, elle ritualise son plaisir, source de larmes froides. Hors d'elle-même, elle scrute sa descente fulgurante et ineffable, sans pour autant y résister. Elle se maudit de succomber au désir s(t)imulé par ses héros ; sa lucidité s'estompe à mesure que l'estomac s'emballe, que la trachée s'étrique. Elle dégouline de folie, en est consciente, ravale pourtant chaque goutte de ses douces obsessions violentes, ravie d'entretenir le vicieux du cercle. Elle écrit et ressasse inlassablement les mêmes thèmes, mots, sans personne qui stopperait son poignet raidi d'agréables crampes.
Les volutes de l'Erdre, mêlés aux lueurs orangées des lampadaires et briquets nantais, sous un pont où fourmillent les éthyliques, les amoureux, les égoïstes, les troubadours, les suicidaires. La population dense et bigarrée se meut aux rythmes étouffés d'un jazz modernisé, métissé blues, electro. S'ouvrent les écoutilles et les esprits. Elle ne regarde pas la scène, horizon obstrué par multiples caboches et mains brandies. Elle observe le quai, lieu de toutes les beautés : les plus simples, sans trop de lumières artificielles. La musique dote cette vision d'un charme rafraichissant. Il la couvre de baisers dans le creux du cou. Elle se blottit contre son torse et le nargue dans l'obscurité, les yeux tournés vers un ailleurs en permanence. Se muer autre, Nessy d'un cours d'eau tendre et animé. Projeter le ça sur ce pont, baisser la tête et s'enivrer de sillons évasifs. Elle l'entoure de ses bras maigres et le serre, lui murmurer ne me laisse pas dans le syphon disparaître. Elle passe la main dans ses cheveux souples, parfaits. S'agripper, ne pas se laisser happer par les profondeurs, abyssales tentations.
La femme d'un âge certain peinait à zigzaguer entre les tables. Voûtée sur son plateau rempli à rabord, elle tentait tant bien que mal de ne pas le renverser, tout en cherchant une place où s'asseoir, manger, se morfondre. Elle nous jeta un regard de victime vengeresse et s'assit à notre droite, près du mur. Kim Basinger déchue, elle avait mal étalé son rouge à lèvre vermillon. Son mascara, jonchant par paquet ses cils éparses, avait coulé sur ses cernes de femme préoccupée. Elle ingurgitait son repas copieux et gras avec la moue des déprimés. Combler le vide laissé par un amant brutal qui creusa son trou puis s'en alla. Ses cheveux étaient rèches et décolorés. Une coquette repentie où subsistaient quelques vestiges abîmés de soin de soi, en pleine érosion. Elle avalait des bouchées énormes de son sandwich débordant de fromage fondu, de beurre et de sauce, calories panseuses de plaie. Sentir ses cellules envahies par ces corps étrangers répugnants et ne pas s'en dépêtrer. Se laisser remplir. Elle semblait se complaire dans ce rôle de passive bouffée par son désespoir ; elle n'avait de cesse d'observer si, autour d'elle, quelqu'un compatissait.
une video trouvée posée là sur la toile : ja la trouve superbe cette fille-là, j'aime sa voix grave et son rock'n'roll stand up.
She Night (Cover d'Indochine)
envoyé par coulmel
Et oui, en fin de compte, le cucul m'atteint. Et merde.
Cela dit, cela fait déjà un an que ces vidéos ont été produites, des tas de choses ont évolué.
P. S. : je trouve notre bande sublime, sans rire. Et le pire, c'est que ça continue. ;)
La
petite fille écarquillait les yeux devant la déambulation
des femmes dans la galerie marchande. La plupart étaient déjà
flétries par un emploi harassant, ennuyeux et sans
perspective. Mari indélicat, impuissant et/ou indifférent
en sus. L'enfant se délectait de ce spectacle de déchéance.
Elle appréciait les talons-aiguille, rompus à force de
pas trop brutaux pour annoncer leur arrivée, et les joues
rougies après l'ascension d'un escalier. Le modèle
culturo-sociétal se cassait la gueule, s'essoufflait sous ses
yeux ; ça lui plaisait.
Car
ses adorés, ceux qu'elle voulait être ou avoir, étaient
ces pénis ongles vernis cils longs traits fins muscles plus
que légers ; les utérus hanches étroites
attaches fines poitrine discrète coupe courte ébourriffée.
Chaque
après-midi elle attendait sa maman sur le banc devant le salon
de thé. Elle dégustait un chausson aux pommes pour
patienter. Elle avait pour habitude de se placer près de la
grande fougère, afin de pouvoir observer ces créatures
à travers le feuillage, discrètement. Elle aspirait à
devenir et/ou obtenir un de ces êtres, précieux car trop
rares. Ils étaient pour elle les limites. Elle les aimait.
[...]
La jeune femme se leva du banc et sortit de la galerie. La pluie mouchetait déjà le pantalon noir qui, au ras du sol, protégeait ses bottines de cuir. Elle ne sacrifia pas le Canard Enchaîné pour protéger ses capillaires déjà trempés. Elle marcha sans se hâter jusqu'au bord de la Loire pour voir le courant s'agiter. Elle resserra son foulard.
GARBAGE-ANDROGYNY
envoyé par pierrot77
Ma mijorée sucrée me lâche : me voilà face à mon écran, seul témoin de mes envolées démentes dans les contrées du lyrisme grotesque. Je repense à ma journée, rien de bien passionnant à retenir ; l'idée de cette défenestration magistrale où je m'élancerais du cinquième étage de l'U.R.S.S.A.F bondissant sur les véhicules aux propriétaires hératiques pour finir empalée sur l'antenne régionale de France 3 paraît à nouveau séduisante. À quoi bon m'obstiner et perdre tant de journées précieuses de ma – c'est décidé – courte vie pour gagner quelques ronds de plaisir matériel. Emploi temporaire dans une administration – il y a pire – où les salariés ne sont certes pas méchants, mais furieusement hypocrites. Notre principal point commun. On n'aime pas trop voir ce genre de reflet dans la gueule de nos aînés. D'autant plus lorsque dès la trentaine CDI en poche ils oublient d'éviter TF1, ne racontent plus rien d'autre que leurs vies aussi palpitantes qu'un épisode de Derrick doublé en tchèque, ne partagent plus rien. Les enfants et/ou animaux et/ou maris/épouses/pacs/concubins deviennent leurs uniques et redondants sujets de débat. Ceci ajouté à « moi je ne vais plus à Atlantis depuis que Sophie G. y a été tuée », alors qu'en allant remplir leurs placards dans d'autres grandes surfaces ils pourraient tomber sur un fanatique des dérapages en parkings souterrains qui les percuteraient, les tuant sur le coup, leur donnant en prime l'air con avec un chariot en travers de l'abdomen. J'espère qu'ils auront pensé à mettre des sous-vêtements potables : que les secouristes ne s'en offusquent/moquent pas au moment de découper les vêtements pour retirer l'engin recouvert de la crème chocolatée protéinée minceur qui aurait éclaté lors du choc. Ces individus qui aiment Le Roi Soleil et Indohcine, Michel Sardou et queen, et ne voient pas où est le problème, l'incohérence. La moindre discussion entamée sur un thème capable de m'éviter les baillements successifs jusqu'au sommeil paradoxal est rapidement rompue par une incapacité à émettre des arguments pour défendre une opinion quelle qu'elle soit. « Moi je pense ça, et pis c'est tout ». Mon exaspération augmente à mesure que le travail qui m'est confié diminue (un service courrier où peu de courrier rentre est fatalement au chômage technique après un laps de temps relativement court). Moi et ma légendaire propension à m'ennuyer errons dans le bureau à la recherche d'une occupation. La seule qui m'ait tenu en éveil assez longtemps pour ne pas sombrer dans un coma irréversible est l'observation attentive de mes congénaires. Une sorte d'étude sociologique de quarantenaires frustrés dans tous les aspects de leur vie, en direct du terrain travail. Les utérus en pamoison lorsque le menuisier célibataire, motard et conforme aux canons de beauté esthétique de leur époque fait irruption dans le bureau pour discuter le bout de gras d'untel pendant une demi-heure payée par l'employeur. Leurs rires de diva aux abois qui résonnent. La voix mi-poule mi-crécelle de la chef de service qui en permanence bêle de vieux airs nostalgiiiiiques – pas des meilleurs – à m'en faire cogiter homicide volontaire au coupe-papier et à l'agrapheuse. Demain j'y retourne.
c'est le centième article de ce blog,
merci aux fidèles de cette secte plumitive et aux nomades de passage
Ce texte-ci mérite
un brin de contexte.
Notre cours de rédaction
professionnelle comprend l'enrichissement de notre vocabulaire grâce
aux « mots nouveaux ». Chaque étudiant
livre aux autres un mot entendu/lu dont il ignorait le sens avec sa
définition. Il s'agit de nous pousser vers l'ancestral oncle
Robert. Le programme inclut également un cours passionnant sur
la ponctuation qui, bien qu'il puisse paraître inutile au
premier abord, permet de remettre certaines bases en place afin
d'éviter l'effondrement de nos textes. Le paragraphe qui suit
est le résultat d'un travail demandé à la suite
de ces deux cours : rédiger un texte court contenant un
minimum de huit mots nouveaux, le tout ponctué par tous les
signes revus en cours. Retrouvez ci-après la définition
des mots repérés.
Une fois encore j'anône. Je suis poulette grabataire, clouée à son nid de mélancolie. Tente de mettre en exergue, de brésiller les noeuds de son esprit : devenir linéaire. C'est loin d'être une sinécure. Je suis matamore ; je suis écrivante plumitive ; je suis muette. Mon – seul – avantage : je suis nyctalope. Cependant ma cochlée est déficiente. Fin du quart d'heure diffluent : ce cortex de sybarite, enveloppé de laine de verre, a craché.
anôner : parler
comme un âne
grabataire : se dit de quelqu'un qui ne
quitte pas le lit
mettre en exergue :
mettre en évidence
brésiller :
réduire quelque chose en poussière
pas une sinécure :
demande des efforts, du travail
matamore : personne
courageuse... seulement en paroles
plumitif : se dit d'un écrivain
médiocre, mauvais
nyctalope : se dit d'une personne ou un animal qui voit dans
l'obscurité
cochlée : partie
interne de l'oreille
diffluent : se dit de quelque chose
qui se développe dans des directions divergentes
sybarite : personne
menant une vie débauchée