°° C'était marron et frais
Maintenant je me rappelle quelques
bribes. Je sais pourquoi je voulais rester dans le coffre de la
voiture. Cet incident vaseux était resté bien collé
sur ma mémoire, inconsciemment. Peut-être ma timidité
maladive avait elle été inoculée lors cet
après-midi maudit. Je ne me souviens pas de l'épisode
dans son intégralité. Seulement de cette substance
molle et froide. Je courais comme une petite fille, naïve, sans
regarder où j'allais, la bouche ouverte à toutes les
mouches, le rire se déployait. Ai-je perdu ma sandale avant ou
lors du drame ? Aucun souvenir. Seulement ces larmes froides sur mon
visage brûlant. Ces tronches hilardes devant ma candeur et ma
déception. Je n'y retournerai pas. Pas si ça se passe
dans un champ. Je ne leur ferai plus confiance. Ni à eux, ni à
personne, et puis finalement nulle part. La méfiance défiante
s'installe dans mon petit corps, s'accroche bien fort à ma
raison. Je sais pourquoi je voulais rester dans le coffre de la
voiture. C'était un autre champ mais les ruminantes s'y
étaient repues et avaient donné suite. Ne pas revivre
cet enfer. C'était cette bouse de vache, elle entâchait ma confiance.