°° Barrel of a gun
– Elle resserre machinalement l'étau autour de sa nuque. Que l'air se rarifie, devienne précieux. Obsessionnelle, masochiste, elle persiste. Elle ne sait pas bien à quoi ça tient. Il ne s'agit pas de se sentir aimée, voulue, attendue, plutôt de s'aimer vouloir attendre.
– Quoi ?
– Le sens.
– Les sens ? Veut-elle ainsi les aiguiser ?
– Non, le sens. Elle souhaite le saisir.
– Les preuves ne sont-elles pas assez flagrantes ? A-t-elle encore besoin de ce genre de maux pour ne plus en douter ?
– Apparently yes.
– Le genre de fille qui ne sait se contenter du bien-être, qui doit voir sa vie accidentée, avoir quelque chose à narrer.
– Something like that.
– Elle a des visions. L'autre soir par exemple, son cortex a une fois de plus effectué une drôle de connexion : elle s'est vue pendue à un arbre de sa propre volonté.
– A connexion between the scarf and the tree ?
– Oui.
– Elle avait passé la soirée à resserrer le foulard. Ceci explique cela.
– Indeed.
– Que lui faudrait-il donc pour trouver la paix ?
– C'est à mon avis impossible, elle devra vivre avec ses questions jusqu'au bout.
– Do you think so ? Is there no issue ?
– Même si elle l'apercevait, elle passerait son chemin. Elle aime trop étaler souffrance et viscères, matière à pétrir.
– Les gens heureux n'ont rien de passionnant à raconter. Elle n'a pas tort dans ce sens.
– Est-ce une raison suffisante pour s'infliger ces tortures, toutes relatives soient-elles ?
– She will dive into anyway.
– Pourquoi dis-tu ça ?
– Remember our own way...
– Certes. Il n'y a rien à en dire en fin de compte.
– Oui. Cessons ce débat stérile.