°° The sinner in me
De
temps à autre, la nuit, elle écarte les côtes et
pointe le bout de sa tumeur. La bestiole braille, tend ses bras vers
un ailleurs. Elle se renfrogne à l'uppercut du maître
des lieux, se tapit dans un coin de son inconscient. Le propriétaire
de l'enveloppe tient à ce que sa nature ne soit jamais révélée
: agir sociétal, laisser le démon se frayer chemin
veines et nerfs mais clore tous les pores. Laisser soi vivre en
dedans reclus. Moi ennuyeux mais acceptable se pavane en public ; soi
délectable mais insortable se terre aux creux du corps.
Éjaculation buccale, expulser le trop plein de sucs : à
deux là-dedans ça finit par déborder. Moi ferme
les yeux et admire soi, le jalouse et puis le frappe. Lui laisse le
péché libre : mieux le punir, l'absoudre ensuite.
Change les chaînes, souvent, que l'érosion ne les
attaque pas. Car moi adore soi mais ne peut concevoir son
émancipation. Il n'imagine pas ses diverses ramifications
percer sa peau au jour. C'est pourquoi il l'élague : soi est
vigoureux mais ne prend pas de place. Le corps dépérit
; la mauvaise âme siège.